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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreLes planteurs de cacao de Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, ont poursuivi jeudi leur offensive médiatique contre les multinationales du chocolat qu'ils accusent de les réduire à la misère en sous-payant "l'or brun", les menaçant de "boycott".
Des accusations publiques qui pourraient coûter cher en terme d'image et de ventes et aux grands groupes chocolatiers, déjà sur la sellette depuis plusieurs années sur les questions d'éthique.
"Nous boycotterons les activités de tous les industriels qui s'opposeront à la DRD", le différentiel de revenu décent, une prime de 400 dollars par tonne de cacao (en sus du prix du marché) censée être payée par les multinationales pour les planteurs, ont déclaré dans un communiqué commun quatre importantes organisations de cacaoculteurs (FOPCC, ANACACI, APROPAM et FNFPCC). Elles avaient réuni quelque 500 délégués à Yamoussoukro, lors d'une rencontre avec le Conseil Café Cacao (CCC), l'organe public de gestion de la filière.
Les dirigeants des quatre organisations ont cité la suspension de leur "collaboration sur les programmes de durabilité et de certification" et même menacé d'arrêter de produire du cacao.
"C'est une question de survie. Nous sommes prêts à aller jusqu'au bout. Nous pouvons suspendre notre production de cacao pendant un an ou deux et nous tourner vers d'autres cultures", a déclaré Soro Penatirgué, président de l'Association nationale des coopératives agricoles de Côte d'Ivoire (ANACACI).
Trie des fèves chez un exportateur de cacao à Abidjan, le 3 juillet 2019 ( Sia KAMBOU / AFP/Archives )
Marcellin Kouakou, un planteur de 51 ans qui produit trois tonnes de cacao par an dans la région d'Oumé (centre) a expliqué à l'AFP "s'en sortir tout juste avec 500.000 francs CFA" (750 euros) de revenus annuels pour faire vivre ses deux femmes et ses 10 enfants.
Cette nouvelle offensive médiatique survient après les accusations publiquement lancées lundi par la Côte d'Ivoire et le Ghana contre deux géants chocolatiers américains, Hershey et Mars, de ne pas payer le DRD. Ces pays sont les deux premiers producteurs de cacao mondiaux avec respectivement plus de 40 et 20% du marché.
- Communication et marketing -
Le CCC et son homologue du Ghana le Cocobod ont annoncé la suspension immédiate de tous les programmes de certification de Hershey dans les deux pays.
La Côte d'Ivoire, où le président Alassane Ouattara vient d'être réélu, et le Ghana, où le président Nana Akufo-Addo vise une réélection le 7 décembre, ont même dénoncé un "complot" des multinationales du chocolat pour "appauvrir" "trois millions de paysans ouest-africains".
Hershey et Mars ont protesté de leur bonne foi, assurant payer le DRD et soutenir les petits planteurs.
Le DRD a été imposée l'an dernier par les deux pays ouest-africains aux multinationales du négoce et de transformation du cacao et aux grands groupes chocolatiers, afin de mieux rémunérer les planteurs tropicaux.
Une plantation de cacao en octobre 2020 près de Guiglo, en Côte d'Ivoire ( Issouf SANOGO / AFP )
Ceux-ci sont les parents pauvres du marché mondial du cacao et du chocolat, dont ils ne touchent que 6% des 100 milliards de dollars de revenus annuels. La moitié des planteurs ivoiriens vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
Les programmes de certification des chocolatiers visent à garantir qu'ils achètent du cacao "durable" respectant des critères de production éthiques (n'entraînant pas de déforestation ou ne recourant pas au travail des enfants notamment). Ils sont un élément de communication et de marketing important en direction des consommateurs occidentaux.
Coïncidence du calendrier, dans une tout autre affaire aux Etats-Unis, deux multinationales du négoce du cacao et du chocolat, Cargill et Nestlé, sont poursuivis pour complicité de travail forcé d'enfants dans des plantations de cacao en Côte d'Ivoire.
Présent à la rencontre de Yamoussoukro, le directeur général du Conseil Café Cacao ivoirien, Yves Koné, a tempéré les propos des planteurs, ouvrant clairement la porte à la négociation.
"Nous devons travailler ensemble avec les industriels. Je suis confiant. Même s'il y a des réticences, je suis convaincu qu'ils vont accepter qu'on paie mieux les planteurs", a-t-il déclaré à l'AFP.
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