Après avoir racheté l'an dernier le groupe ouest-africain Beneficial, la vénérable institution britannique des assurances Prudential pourrait prendre une participation dans la société de bancassurance Orabank.

En toute discrétion, le géant britannique des services financiers Prudential a lancé des études sur la santé d'Orabank, et ce dans l'éventualité de prendre une participation dans l'entreprise. L'intérêt de "Pru", longtemps dirigé par le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam, intervient au moment où l'institution britannique va passer sous la présidence de l'ancienne secrétaire d'Etat au commerce de Gordon Brown, Shriti Vadera, qui est née en Ouganda. En août, le poids lourd de l'assurance a également annoncé qu'il allait vendre sa branche américaine pour développer tous azimuts son activité sur les marchés émergents.

Déjà présent au Kenya et au Nigeria, Prudential a fait sa première incursion en Afrique francophone en 2019 en rachetant la compagnie d'assurances Beneficial, active au Cameroun, en Côte d'Ivoire et au Togo. Le contexte est particulièrement favorable car la majorité des assureurs africains peinent à se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation de la Conférence interafricaine des marchés d'assurances (Cima), qui les contraint à disposer d'un capital minimum requis de 5 milliards de francs CFA à partir de mai 2021 (Africa Intelligence des 11/09/19 et 30/04/20).

Les cartes rebattues dans l'actionnariat d'Orabank

L'intérêt de Prudential intervient alors que le capital d'Orabank est en pleine recomposition : l'année dernière, le fonds Emerging Capital Partners (ECP) a cédé la majorité du capital de l'établissement, soit 61,45 %, à la Caisse générale de retraite des agents de l'Etat ivoirienne (voir nos révélations, Africa Intelligence du 20/11/19).

L'opération, une première fois invalidée par la Commission bancaire de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) lors de sa session du 18 septembre, a été une nouvelle fois évoquée le 9 décembre par la Commission, cette fois-ci sans accroc, et ce contrairement à la séance de septembre, émaillée d'incidents. Serge Ekué, le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), en déplacement à Abidjan début décembre, avait au préalable évoqué le dossier avec les membres de la commission bancaire, auxquels il a assuré que son établissement resterait actionnaire stratégique d'Orabank.

Outre Prudential, Mahamadou Boukoungou, le fondateur du groupe Ebomaf, a lui aussi tenté d'entrer au capital de Orabank, mais s'est vu opposer une fin de non-recevoir par les actionnaires (Africa Intelligence du 27/11/20).