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Décidément inédite, la crise du Covid-19 aura épargné la finance. Les banques centrales auront financé les Etats qui auront financé les victimes de la crise, entreprises et particuliers. Le système financier n'aura servi que de tuyauterie, plutôt efficace d'ailleurs, à l'inondation de liquidités publiques.
Pourtant, les grands acteurs financiers font face à deux mégatrends, que la crise a amplifiés, qui justifieraient à eux seuls qu'on s'inquiète de la finance d'après : le rôle majeur et durable des Etats et des banques centrales qui absorbent le système financier par le haut ; l'accélération vertigineuse de la transition numérique qui la prive d'oxygène par le bas.
Le commerce du coin
Notre monde en pleine métamorphose fabrique des risques majeurs que seuls les Etats peuvent affronter. On sait que les virus, qu'ils s'attaquent aux humains ou aux systèmes informatiques, seront capables de paralyser à nouveau le village planétaire. Dès lors, les Etats, les organisations internationales, les banques centrales seront sur le devant de la scène pour les décennies à venir. Inévitablement, les financements majeurs et la couverture des grands risques échapperont, en partie, au système financier marchand.
Mais alors, que devient le rôle du secteur financier sinon celui de distributeur ? Or, dans son rôle de « commerce du coin », le grand acteur financier se retrouve menacé par les fintechs, comme le commerce traditionnel, petit et grand, l'est par Amazon. Une menace rendue exponentielle par la crise sanitaire. A l'évidence, dans le commerce financier, avec le « one stop shop » du smartphone, plus de files d'attente, de rendez-vous incommodes… Or, le secteur financier est plus exposé qu'aucun autre à la disruption numérique parce qu'il est immatériel, profondément normé et plus familier et sympathique en virtuel. D'ailleurs, les marchés financiers, qui ne perdent jamais la tête dans le long terme, valorisent les capitaux investis dans la finance digitale avec des multiples à deux chiffres, alors qu'aucune grande banque européenne ne vaut ses fonds propres. Ainsi, pour la Bourse, entre la finance traditionnelle et la finance digitale, la messe est dite.
Amazonie financière
En revanche, les fintechs ne pourraient exercer le coeur de métier des grands acteurs qu'en supportant les mêmes contraintes de fonds propres et de règles, ce qui conduirait à un effondrement de leur valeur. La preuve en a été faite à maintes reprises : par l'absurde, avec le scandale de la néobanque allemande Wirecard, insuffisamment régulée, par l'accord unanime des autorités sur l'encadrement du droit à l'existence du Libra de Facebook, et spectaculairement par les autorités chinoises qui ont suspendu pour cause de régulation préventive la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire, celle d'Ant, mère d'Alipay et fille de Jack Ma, le milliardaire chinois fondateur d'Alibaba.
En sens inverse, les grands acteurs financiers, enracinés dans la norme, s'avouent incapables d'innover et dépendent donc de l'extérieur pour les technologies de la finance, les techfins, que sont les regtechs, les assurtechs, l'intelligence artificielle et, last but not least, la cybersécurité. Il est vital pour notre système financier d'organiser des partenariats avec ces entreprises innovantes car si les grands acteurs ne défrichent pas hardiment l'Amazonie financière, ils subiront le même sort que le commerce traditionnel.
Priorité vitale
Le système bancaire et financier français est remarquable, et la place de Paris parfaitement capable de récupérer les morceaux de la City détachés pour cause de Brexit. La France bénéficie d'une bonne dynamique sur les fintechs mais encore embryonnaire, avec quelques centaines de millions de financement annuel alors que le marché mondial en mobilise près de 50 milliards. Notre système financier n'a pas le temps d'attendre et doit pêcher la technologie où elle se trouve, dans les hubs de la Silicon Valley, du sud-est de la Chine et d'Israël, numéro un mondial de la cybersécurité.
Aujourd'hui, nos grands acteurs financiers travaillent sérieusement leur transformation numérique mais n'en ont pas fait, au coeur de la crise, leur priorité vitale. Or demain il sera trop tard. Les Chinois s'occupent de réguler leurs fintechs géantes tandis que les Européens fourbissent leurs armes pour la consolidation. Méfions-nous de ne pas célébrer les noces de l'aveugle et du paralytique, alors qu'au contraire les fiançailles de l'aiguillon du moucheron agile et de la puissance du lion colossal mais au pied d'argile, dans la finance comme dans la santé (Pfizer et BioNTech), ferait de la fable une saga conquérante.
Michel Cicurel est président-fondateur du groupe La Maison.
Si les grands établissements financiers ne se méfient pas, ils seront bientôt réduits au rôle de simples distributeurs.
Dans ce domaine, les acteurs de la Fintech ont un train d'avance.
Michel Cicurel
Les Echos
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21/04/2022 - Secteurs
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