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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreLes gouvernements nationaux sont les premiers pourvoyeurs de financement pour les infrastructures en Afrique, suivis désormais par la Chine. Les financements externes sont apportés par des fonds publics étrangers et des organes de financement du développement notamment. Les investisseurs institutionnels pourraient être davantage mobilisés.
Selon la Banque africaine de développement (BAD), les besoins en infrastructures du continent africain sont compris entre 130 et 170 milliards de dollars par an [1]. L’Infrastructure Consortium for Africa (ICA) fait état, de son côté, de 100,8 milliards de dollars d’engagements pour les infrastructures en 2018 [2]. Ce montant est, certes, pour la première fois au-delà de la barre des 100 milliards, en hausse de 24 % par rapport à l’année précédente et de 33 % par rapport à la moyenne de 2015-2017. Mais il reste en deçà des 130 à 170 milliards de dollars identifiés par la BAD, laissant entrevoir encore un déficit de financement de 30 à 50 milliards par an.
Gouvernements, fonds publics étrangers et banques de développement
Les gouvernements nationaux sont les premiers pourvoyeurs de financements pour les infrastructures. Selon le rapport de l’ICA, les engagements des pays africains ont progressé de 26 % en 2018 par rapport à la moyenne des trois années précédentes. En valeur absolue, les pays africains constituent la principale source de financement, avec 37 % du total des engagements (soit 37,5 milliards de dollars).
Les capacités des gouvernements sont limitées par des contraintes économiques et fiscales nationales, il leur est indispensable d’avoir recours à des financements externes. Ainsi, l’intervention des gouvernements est-elle complétée par la participation d’organes de financement du développement extérieurs aux pays, quasiment à parts égales. Ces derniers sont originaires d’Europe, d’Amérique, des pays arabes ou d’Asie. La Chine contribue ainsi à hauteur de 25 % (25,7 milliards de dollars), des membres de l’ICA avec 20 % (20,2 milliards), puis le secteur privé avec 12 % (11,8 milliards).
Les pays et régions interviennent soit de façon directe, soit au travers de fonds : les engagements de la Commission européenne (CE) s’élevaient par exemple en 2016 à 1,4 milliard de dollars EU, via le Fonds européen de développement (FED) pour les pays d’Afrique subsaharienne dont elle a la gestion, de même que l’Instrument de coopération au développement pour les pays d’Afrique du Nord. De la même manière, les engagements et décaissements de la France sont opérés par l’intermédiaire de l’Agence française de développement (AFD), sa filiale Proparco (dédiée au secteur privé) et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM).
Les institutions bilatérales et multilatérales, telles que la BAD et la Banque Mondiale (via la Société Financière Internationale – SFI) soutiennent également les investissements dans les infrastructures, et particulièrement les projets avec participation publique-privée. Depuis 2009, la BAD dédie ainsi 60 % de son portefeuille aux projets d’infrastructures, et sur la période 2010-2016, elle a alloué 6 milliards de dollars pour l’électrification de l’Afrique. La BAD a également lancé un New Deal énergétique afin d’accroître l’accès à l’électricité, du niveau actuel d’environ 25 % à quasiment 100 % à l’horizon 2025.
Les Banques régionales de développement (BRD) apportent également un soutien considérable au développement des infrastructures, par le biais d’octrois de prêts. Par exemple, la Development Bank of South Africa (DBSA) a décaissé et s’est engagée à hauteur de 1,2 milliard de dollars en 2016, aux côtés des 924 millions de dollars communs engagés par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), la Trade and Development Bank (TDB) et la East Africa development Bank (EADB).
Les investisseurs institutionnels
Avec environ 634 milliards de dollars d’actifs sous gestion en 2017, les investisseurs institutionnels africains représentent une source potentielle importante de financement. Selon PricewaterhouseCoopers (PwC) [3], les avoirs gérés par ces derniers devraient quasiment doubler à l’horizon 2020, passant à 1100 milliards.
Les investisseurs institutionnels regroupent les fonds de pension, les assureurs, les fonds souverains et les Caisses de dépôts. Par la nature de leur passif, composé d’engagements contractuels intergénérationnels (pour les fonds de pension et les compagnies d’assurances), de capitaux publics (pour les fonds souverains), ou de capitaux mixtes (pour les Caisses de dépôts), ces entités financières devraient être peu dépendantes des capacités de refinancement des marchés de court terme et disposer de ressources longues abondantes.
Mais en pratique, chacun de ces acteurs fait face à des défis propres intrinsèques et à l’environnement dans lequel il évolue. Les capacités et stratégies d’investissement sont ainsi fortement tributaires de la nature des ressources collectées, des mécanismes permettant de les mobiliser et du cadre réglementaire.
Jusqu'à tout récemment, peu d'efforts ont été déployés pour comprendre l'appétence au risque, les régimes de réglementation et les rendements attendus des fonds de pension africains. Il en résulte que de nombreux projets présentés aux fonds de pension africains ne sont pas éligibles de leur point de vue. Pour y remédier, il s’agirait ici de soutenir le développement d’actifs de placement et de recycler les actifs alternatifs pour mieux répondre aux besoins des investisseurs.
Selon PwC, les actifs sous gestion des fonds de pension des douze principaux pays africains en la matière devraient atteindre environ 1 milliard de dollars en 2020, contre 293 milliards en 2008. Malgré la croissance affichée des économies à travers le continent, les marchés africains restent fragmentés, avec 90 % des actifs sous gestion concentrés au Nigeria, en Afrique du Sud, en Namibie et au Botswana. Au sein de ces pays, quelques fonds importants tendent également à dominer. C’est le cas du Fonds de pension des employés du gouvernement (GEPF) en Afrique du Sud qui détient 124 milliards d’actifs sous gestion, du Fonds de pension de l’administration publique (GIPF) en Namibie avec 7,9 milliards d’actifs sous gestion et du fonds de pension des fonctionnaires de Botswana (BPOPF), crédité de 2,6 milliards.
Pour Arnaud Floris, Financial Sector Advisor chez Making Finance Work for Africa (MFw4), une famille d’investisseurs émerge en particulier comme la mieux adaptée à ce type de financement de long terme : les Caisses de dépôt. « Bien que les capacités financières soient, à ce stade, peu adaptées au financement de projets d’infrastructure d’envergure, les caisses africaines pourraient assumer, dans des limites de risques définies, un rôle de précurseur et d’amorçage. Pour ce faire, une Caisse de dépôts peut investir via un véhicule dédié ou en se muant en préteur à long terme à l’administration. Par ailleurs, en capitalisant sur leur caractère public, elles ont le potentiel d’assister les autorités gouvernementales et locales à l’idéation, le montage et la gestion des projets, notamment dans des segments moins attractifs pour l’investissement privé tels que les infrastructures sociales. »
Il y a nécessité d’une stratégie pour améliorer les capacités locales à développer des actifs susceptibles d'être investis pour financer les infrastructures, d'évaluer leur solvabilité et d'investir.
Le partenariat MFW4 (Make Finance Work for Africa) propose ainsi certaines mesures « catalytiques » pour ce faire :
– mettre en place des programmes de formation pour mettre à niveau les gestionnaires de fonds de pension, les gestionnaires d'actifs locaux, les consultants en investissement, les officiels gouvernementaux et d'autres parties prenantes. Les faibles capacités techniques sont considérées comme un obstacle majeur aux investissements institutionnels dans les infrastructures. Ces programmes de formation doivent être conçus et mis en œuvre pour permettre l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies d'investissement prudentes et diversifiées ;
– encourager de manière proactive l’extension de la notation aux projets d’infrastructure et produits financiers rattachés. Les investisseurs institutionnels ont besoin d’une solide documentation sur les risques des investissements en infrastructure ainsi que des évaluations de crédit fournies par les agences de notation ;
– globalement, favoriser l'échange de connaissances et le partage d'expériences entre les acteurs du secteur (fonds de pension, régulateurs, gestionnaires d'actifs, etc.) par le biais de groupes de travail et de réseaux de gestionnaires d'actifs est essentiel pour libérer le capital institutionnel détenu par des investisseurs nationaux et internationaux et destiné au financement d'actifs alternatifs en Afrique.
Le secteur privé
Les infrastructures en Afrique sont majoritairement financées par des institutions à capitaux détenus par des gouvernements étrangers et leurs capitaux proviennent de fonds de développement nationaux ou internationaux ou elles bénéficient des garanties souveraines. Cela leur permet de lever des capitaux sur les marchés internationaux et d'offrir des financements à des conditions très compétitives par rapport aux établissements de crédit locaux. Quand elles sont présentes dans les projets, les banques commerciales interviennent sur ce secteur en association avec des partenaires plus institutionnels comme les bailleurs de fonds (organisations bilatérales ou multilatérales comme la Banque Mondiale), mais aussi au travers du financement export. Ils peuvent soutenir des projets publics, mais aussi des partenariats public-privé (PPP).
Au total, tous secteurs confondus, les partenariats public-privé ont représenté 66,7 milliards de dollars entre 1990 et 2017, en particulier dans l’énergie et les transports sur la période la plus récente, alors qu’ils avaient été auparavant plus importants pour les télécom.
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