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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreSur le SARA 2019, Edmond Coulibaly, directeur général du Conseil Hévéa-Palmier à huile, dernier organe en
date mis en place après celui du café-cacao et celui du coton-anarcarde, explique à CommodAfrica le rôle
de ce nouvel organisme mais aussi les réponses apportées aux deux filières. Il s'agit de donner de la visibilité
aux revenus des planteurs pour qu'ils puissent emprunter ou encore d'allouer des crédits d'impôts aux
industriels afin qu'ils résorbent l'excédent de production.
Pouvez-vous replacer le Conseil Hévéa-Palmier à huile au sein de l’ensemble des organisations des deux
secteurs et définir son rôle ?
Le Conseil Hévéa-Palmier à huile est le régulateur de la filière. A ses côtés se trouvent les organisations
interprofessionnelles qui existaient déjà pour certaines, d’autres étant en train d’être reconnues comme tel.
C’est une pyramide où, pour le compte de l’Etat, nous jouons le rôle de régulateur, celui qui met en place les
règles du jeu et s’assure désormais que chaque intervention dans le secteur va concourir à l’objectif global
qui est de relancer la dynamique de croissance.
Comment y parvenir alors que les deux filières subissent depuis deux années des cours mondiaux bas tant
pour le caoutchouc que pour l’huile de palme. Quelles sont vos interventions au niveau des producteurs mais
aussi des usiniers ?
Le gouvernement s’est saisi de cette question. La baisse des cours résulte en premier lieu de facteurs
exogènes. Pour ce qui relève des mécanismes en interne, nous sommes en train de regarder à nouveau la
redistribution de la richesse créée au sein de ces deux filières pour faire en sorte que chaque maillon soit
rétribuée à sa juste mesure.
Pouvez-vous être plus explicite ?
Nous attendons pour mi-décembre la conclusion de deux études qui doivent nous permettre de rebattre les
cartes. Parmi les pistes envisagées, la création d’un mécanisme de soutien des prix. Pour les entreprises, il
s’agit de maîtriser déjà les risques de fluctuation des prix sur les marchés. C’est déjà tout un défi ! Imaginez
pour le planteur ordinaire... Pour nous, il est important de redonner de la visibilité aux revenus des planteurs
car de nombreux services ne pourront être apportés au planteur si personne n’a de visibilité sur son revenu à
moyen terme ou sur les trois mois à venir. Imaginez une banque qui veut prêter à un agriculteur mais qui ne
sait pas de combien seront ses revenus le mois prochain. L’instrument que nous allons mettre en place doit
permettre de régler cette question de la volatilité des prix et de la résorber avec un instrument que nous
pourrons piloter en interne.
J’ajoute que pour l’hévéa, il y a un autre facteur qui perturbe la commercialisation intérieure. C’est la
surproduction. Pour 2019, on a estimé l’excédent à 350 000 tonnes mais ce sera certainement supérieur.
Donc, le gouvernement a autorisé l’exportation du surplus sous la forme de fonds de tasses. C’est une
mesure conjoncturelle.
Pour travailler durablement sur la question, le gouvernement a décidé il y a quelques semaines d’accorder
des mesures fiscales incitatives additionnelles notamment en termes de crédit d’impôt pour permettre aux
industriels qui sont déjà présents d’accroître leurs capacités. Après l’adoption de cette ordonnance, nous
sommes en train de travailler avec le ministère de l’Industrie et les professionnels de la filière, notamment
l’Apromac, pour mettre en place des accords-cadres pour lier chaque usinier à l’Etat en termes
d’augmentation des capacités. Notre espoir est que d’ici 2021 les capacités industrielles permettent de
résorber le surplus de production. Une situation qui a engendré l’apparition d’opérateurs qui ne jouent pas selon les règles et désorganisent un peu le système de commercialisation. C’est une question prioritaire car
avec l’augmentation de la production – nous sommes à près de 1,8 million de tonnes aujourd’hui – nous
exporterons notre valeur ajoutée à d’autres pays.
Dans le secteur de l’huile de palme, certes la Côte d’Ivoire n’exporte que dans la sous-région mais
néanmoins est-ce-que la multiplication des campagnes contre l’huile de palme, en particulier en Europe, n’a
pas des répercussions sur la filière ivoirienne ?
Le premier impact est que cette campagne tire à la baisse les prix internationaux de l’huile de palme. Je dois
préciser que le prix servi au planteur en Côte d’Ivoire est indexé sur le prix international. Il est important que
le monde entier comprenne que si nous ruinons l’économie mondiale de l’huile de palme, nous ruinons les
revenus de millier de planteurs et nous risquons d’engendrer plus de précarité en milieu rural et provoquer de
l’émigration vers les pays plus aisés. En Côte d’Ivoire, c’est plus de deux millions de personnes qui vivent
directement et indirectement de l’huile de palme.
En ce qui concerne le système de production en Côte d’Ivoire, nous sommes moins concernés par les
questions de destruction de l’habitat. Nous avons un couvert de 200 000 hectares sur lequel nous avons un
potentiel énorme car nous avons un matériel végétal de 30 t/ha en potentiel et les rendements sont
actuellement de 5t/ha. Nous n’avons donc pas besoin de déforester pour accroître la production, il faut juste
traiter la question de l’apport d’engrais. En outre, la Côte d’Ivoire s’est très tôt engagée dans la RSPO.
Envisageriez-vous de vous joindre aux initiatives des deux géants de production d’huile de palme, l’Indonésie
et la Malaisie, comme celle d’intenter une plainte à l’OMC ?
Je dirais que nous avons un destin commun avec les autres producteurs d’huile de palme.
Lors cette édition du SARA, la forêt et sa préservation étaient de vraies questions. L’ambition est de restaurer
20% du couvert forestier à l’horizon 2030, quelle est la contribution des deux secteur hévéa et palmier à huile
alors qu’ils ont contribué en partie au défrichement de la forêt ?
C’est l’une des raisons qui ont incité le gouvernement à adopter cette nouvelle politique forestière qui
consiste à considérer que, désormais, en Côte d’Ivoire nous avons des agro-forêts. De considérer qu’on ne
peut pas totalement ignorer que ces plants d’hévéa sont des arbres. Certes, ce n’est pas le même degré de
séquestration de carbone qu’une forêt primaire mais une plantation d’hévéa c’est une quasi-forêt. Pour la
contribution de ces filières à la préservation de la forêt et la reconstitution des forêts, des expérimentations
sont en cours en termes de production association entre hévéaculture et essences forestières, comme du
teck ou du gmelina par exemple. Ces bois qui sont produits vont permettre d’alimenter des unités et vont
réduire la pression sur les forêts primaires en satisfaisant en partie les besoins en bois d’œuvre
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