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que peuvent encore les places africaines pour accompagner le développement du continent ?
La quasi-totalité des politiques économiques récemment adoptées par les pays émergents ou en
développement pour accélérer leur croissance donne la priorité à l'amélioration de la mobilisation des
ressources à long terme, que l'on trouve généralement sur les marchés de capitaux.
L'Afrique compte actuellement 32 Bourses, avec environ 2 000 sociétés cotées, contre 5 899 en Chine, pour
une capitalisation boursière de 1 400 milliards de dollars, soit 60 % du PIB du continent contre 82,89 % pour
la Chine.
Ces indicateurs montrent bien que les places africaines n'apportent pas encore une contribution suffisante au
développement du continent parce qu'elles sont peu utilisées.
En effet, les privatisations d'entreprises publiques par la Bourse sont encore rares.
Depuis des années, des privatisations sont certes annoncées. Mais si elles ne sont pas annulées, elles sont
réalisées au compte-goutte ou se font toujours attendre.
Les avantages de l'introduction en Bourse sont pourtant nombreux : plus-value de cession, arrêt des
subventions, amélioration des recettes fiscales, actionnariat populaire...
Mais cette option n'est pas privilégiée par les entreprises privées du continent lorsqu'elles cherchent à lever
des capitaux à long terme, à l'exception de quelques rares grandes entreprises du secteur financier ou des
télécommunications (Ecobank, MTN, BMCE Bank of Africa, Vodacom, Safaricom...).
Les sorties par voie boursière des fonds de private equity sont également très rares en Afrique, même si
Emerging Capital Partners et Helios Investments Partners ont e ectué quelques opérations de ce genre
récemment.
Il est cependant illusoire de vouloir passer d'une économie d'endettement dominée depuis plusieurs
décennies par le secteur bancaire à une économie de marché sans une phase transitoire, pendant laquelle
on donnerait les moyens au secteur privé de se développer en facilitant son financement, grâce au private
equity, à des garanties allégées, des mini ou basket bonds, etc.
On entend également souvent dire que les Bourses du continent ne sont ni liquides, ni profondes. Elles
n'attireraient donc pas les entreprises africaines, qui leur préfèreraient Londres ou New York. Mais la liquidité
et la profondeur d'un marché de capitaux ne se décrètent pas.
Elles se créent à l'intérieur d'un cercle vertueux : admission de nouvelles sociétés à la cote, information
financière et éducation des investisseurs, liquidité, attraction de nouveaux investisseurs, profondeur du
marché, admission de nouvelles sociétés à la cote.
Ce cercle vertueux peut se former en Afrique. D'une part, grâce à son potentiel d'investisseurs personnes
morales. Et d'autre part, grâce au développement de la classe moyenne, qui favorise l'émergence d'une nouvelle
catégorie d'investisseurs personnes physiques, qu'il faudrait « éduquer » et informer pour en faire des
participants actifs et avisés sur les marchés.
Ce cercle pourrait être renforcé par une meilleure intégration des Bourses africaines, alors que va entrer en
vigueur la Zone de libre échange continentale (ZLEC).
Celle-ci ne produira les effets désirés que si l'intégration commerciale est accompagnée par une intégration
financière facilitant la libre circulation des capitaux dans le secteur bancaire et sur les marchés.
Libérons le potentiel de mobilisation des ressources à long terme du continent. Activons tous les leviers qui
peuvent assurer le développement du secteur privé africain en organisant une transition ordonnée des
économies d'endettement vers des économies de marché, grâce à des politiques volontaristes d'attraction
des investissements privés. Et intégrons nos systèmes bancaires et marchés de capitaux.
C'est à ce prix que le développement du continent pourra s'accélérer, grâce à la mobilisation des ressources
nécessaires pour le financement des infrastructures et de l'industrialisation, afin de réaliser une croissance
plus forte et mieux partagée par les populations africaines.
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