RSS Feed  Les actualités de la BRVM en Flux RSS

NEWS FINANCIÈRES

Nous agrégeons les sources d’informations financières spécifiques Régionales et Internationales. Info Générale, Economique, Marchés Forex-Comodities- Actions-Obligataires-Taux, Vieille règlementaire etc.

Banques : les géants américains en Afrique plus risquophobes qu'on ne l'imaginait ? (2/2)

23/09/2019
Source : La Tribune.fr
Catégories: Sociétés

Profitez d'une expérience simplifiée

Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play Store

Quasiment à tour de rôle, des banques internationales d’origine américaine affichent peu à peu leurs
ambitions pour les marchés africains. Une démarche aux allures apparentes d’une offensive imminente. Mais
alors que Citigroup reste l’exception qui confirme la règle, en raison de son implantation dans 16 marchés du
Continent, les géants américains de la banque internationale affichent une certaine frilosité au risque qui
ralentit considérablement leur rythme d'évolution sur l'Afrique. Selon les experts, le nouveau programme de
60 milliards de dollars du président Donald Trump pourrait accélérer leurs projets -existants ou futurs- surtout
dans un contexte de forte concurrence chinoise en matière d’investissements.
Vu sous un autre angle, la lenteur dans le développement des banques américaines en Afrique pousse
même un ex-patron de banque africain à penser que les géants new-yorkais ne s'intéressent pas
particulièrement au Continent. « Quand je discute avec quelques-unes de ces banques, elles me donnent
l'impression que l'Afrique n'est pas -pour l'instant en tout cas- un marché très stratégique pour elles »,
explique ce financier senior qui requiert l'anonymat. « Ce que font actuellement certaines banques
américaines en Afrique, poursuit-il, peut avoir l'air important en termes de volume vu de l'angle africain, mais
vu de l'angle américain, ce sont des points virgules, car une transaction de 100 millions de dollars au Congo
ou en Côte d'Ivoire parait énorme. Mais 100 millions de dollars aux Etats-Unis représentent le petit deal
provincial ». D'après cette source, les banquiers américains ont conscience de ce que révèlent les études sur
l'Afrique, mais ne seraient pas encore inquiétés par le fait de continuer à acheter les matières premières aux
traders, même si les Chinois, notamment, renforcent leurs assises. Vraiment ? Le coup de pouce à 60
milliards de dollars de Trump C'est pourtant l'un des objectifs clés de l'initiative « Prosper Africa »,
récemment lancée par le président américain Donald Trump : contrer l'avancée de la Chine, même si les
autorités américaines ne l'expriment pas officiellement de cette manière. C'est également à cet effet qu'en
plus du traditionnel Overseas Private Investment Corporation (OPIC) -l'institution de financement du
développement du gouvernement américain- Washington inaugurera, le 1er octobre prochain, une nouvelle
agence de financement du développement baptisée U.S International Development Finance Corporation
(DFC) et créditée de 60 milliards de dollars, soit plus du double des 29 milliards de dollars misés dans l'OPIC.
« Les États-Unis reconnaissent que l'Afrique est une économie dynamique et un partenaire commercial
essentiel, avec six des dix économies les plus dynamiques du monde et plus d'un milliard de
consommateurs. Le Continent joue déjà un rôle pivot dans l'économie mondiale, le pouvoir d'achat des
consommateurs atteignant 1 600 milliards de dollars en 2017 », reconnaît Tibor Nagy, secrétaire adjoint
américain aux Affaires africaines. De l'autre côté de la balance, les Etats-Unis proposent à l'ensemble des
Etats africains un marché américain de plus de 300 millions de consommateurs avec un pouvoir d'achat -le
plus important du monde- de 13 000 milliards de dollars. Rien qu'en tenant compte de ces données, les
Américains pourraient avoir plus d'intérêts à investir en Afrique que les Africains aux Etats-Unis. Pour
certains experts, il ne fait aucun doute que cet engagement de l'administration Trump aura un effet motivant
sur les banques américaines. « Les 2/3 de cet argent [60 milliards de dollars du DFC, NDLR] seront investis
en Afrique précisément pour contrecarrer la politique chinoise et ensuite promouvoir le commerce et les
investissements américains en Afrique. Mais comment ces financements vont-ils être déployés en Afrique ? Il
faut des banques américaines. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle des entités comme JP Morgan
s'intéressent-elles au Continent », explique à La Tribune Afrique Simon Tiemtoré, membre du conseil
d'administration du Centre d'affaires Afrique-USA de la Chambre de commerce des Etats-Unis (AmCham). «
La mise en œuvre du DFC est une façon de réduire le risque [pour les banques, NDLR] et créer un contexte
de blended finance. C'est un aspect important en termes d'incitation », estime l'ex-responsable à la Banque
mondiale. Mais ce programme ne sera actif qu'à partir d'octobre prochain, et d'après Tiemtoré, il ne faudrait
pas s'attendre de sitôt à une réelle offensive des grands groupes bancaires américains. « Ils vont y aller
timidement », prévoit l'administrateur de l'AmCham, avant d'ajouter : « Les secteurs dans lesquels ils vont
s'engager resteront ceux où leur capital ne sera pas à risque, des secteurs qui ne font appel qu'à leurs
capacités d'arrangement, de distribution et de vérification ». Les marchés africains rehaussés par la Zleca
Dans un contexte où les pays africains cherchent à implémenter la Zone de libre-échange continentale
(Zleca), cet accord devrait doubler la production manufacturière et booster les dépenses des consommateurs
et des entreprises à 5 600 milliards de dollars d'ici 2025. La semaine dernière, lors de l'édition africaine du
WEF à Cape Town, Miguel Azevedo, patron Afrique chez Citigroup, soulignait le rôle catalyseur qu'aurait la
Zleca sur le business du Continent et l'aubaine que représente cet accord pour les banques. « Les bonnes
entreprises seront donc encore mieux placées pour tirer parti des nouvelles opportunités. À mesure qu'ils
grandissent, ils auront besoin de plus de capital et c'est exactement ce que nous faisons », a-t-il déclaré,
selon Bloomberg. Alors que le monde entier suit de près l'évolution de ce dossier stratégique pour l'avenir,
trois attitudes sont désormais observées au sein des banques américaines : les motivées (déjà en passe de
parler de stratégie) ; les observateurs et les attentistes qui attendent voir ce que produiront les premières à
se lancer dans une vraie offensive. D'après notre source anciennement en service à la Banque mondiale,
cette situation ne saurait durer encore trop longtemps : « L'Afrique n'est plus un marché qu'on peut ignorer,
quel que soit le pays. C'est tout à fait clair que les perspectives de croissance mondiale au cours des cinq,
dix prochaines années seront en Afrique. A terme, le marché automobile africain -à titre d'exemple- va
surpasser celui de l'Europe, en raison de la croissance démographique. On a une population plus âgée en
Europe, une population jeune en Afrique qui est plus susceptible à un accroissement accéléré de la
consommation domestique ». C'est peut-être en vue d'intérêts futurs que Morgan Stanley a confié l'année
dernière ses activités africaines à une experte du risque financier, Clara Woodman, qui a notamment travaillé
pendant longtemps sur la région. D'autant que l'Afrique du Sud est le marché le plus performant des dix pays
de la zone EMEA, selon l'indice MSCI Emerging markets EMEA en 2018. « L'Amérique ne peut contrer la
Chine sans ses banques » En février dernier, Capital One, cinquième fournisseur de cartes de crédit au
monde et 11e banque aux Etats-Unis, nommait pour la première fois un Africain dans son conseil
d'administration : François Locoh-Donou, PDG de F5 Networks, un géant de la fourniture d'équipements
réseaux. Cet homme d'affaires togolais est censé être une source de conseil pour la banque dans le domaine
du numérique, mais il ne serait pas étonnant que le fils du très influent homme d'affaires togolais Hilaire
Locoh-Donou -qui bénéficie d'un réseau important notamment en Afrique de l'Ouest- aide, le cas échéant,
Capital One à voir plus clair en cas de projet d'expansion en Afrique. « Ce qui est intéressant aujourd'hui,
c'est qu'il y a eu une multiplication des portes d'entrée sur l'Afrique. Le premier point d'atterrissage des
banques internationales intéressées par le Continent n'est plus nécessairement Johannesburg, grâce
notamment au remarquable travail de la
BAD [Banque africaine de développement, NDLR]. C'est aussi
Casablanca,Tunis, Abidjan, mais aussi Nairobi, Kigali, ...», commente notre source proche des milieux
d'affaires américains. « La percée de l'Afrique dans le monde, les investissements en Afrique de la China
Development Bank, de la China investment Bank et ceux d'Eximbank ne peuvent pas laisser les banques
américaines indifférentes. Bref, l'Amérique ne peut pas faire compétition avec la Chine sur les questions
d'investissement en Afrique sans ses banques », martèle l'ex-responsable à la Banque Mondiale.


0 COMMENTAIRE