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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreLe Président Issoufou Mahamadou du Niger est, selon toute vraisemblance, le plus affecté par la fermeture
des frontières nigérianes intervenue officiellement depuis le mardi 20 Aout 2019. Champion de la ZLECAF,
Président de la CEDEAO avec son «projet phare» de monnaie unique l’ECO, surtout Président du Niger, un
pays qui partage la plus longue frontière (1497km) et qui entretient des liens historiques et économiques les
plus étroits avec le Nigéria, ce «blocus frontalier», est sans doute pour lui une vraie catastrophe. <figure
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Un verrouillage complet des frontières intervenu, moins de deux mois seulement, après la « renaissance » à
Abuja le 2 juillet de la « monnaie unique de la CEDEAO », l’ECO et la tenue très réussie à Niamey, du 7 au
8 juillet, du sommet de l’UA qui a consacré l’avènement de la Zone de libre échange continental africaine
(ZLECAF). Aussi, on s’en souvient, le moment le plus marquant et le plus émouvant de cette rencontre
africaine au sommet, était la signature très applaudie de Mahamadou Buhari du Nigéria.
Dictature économique ?
L’opinion africaine ne comprend toujours pas ce brusque revirement des autorités nigérianes qui, la veille ont
signé un document et le lendemain font tout le contraire. Nombreux sont les observateurs africains qui voient
à travers cette fermeture brutale et unilatérale des frontières nigérianes, un « début d’échec », voire un «
sabotage complet » des deux grands projets panafricanistes qui passionnent l’opinion africaine en ce
moment : La ZLECAF et l’ECO.
D’une durée de 28 jours au départ, initialement pour combattre la contrebande du riz, des véhicules
d’occasion et des produits alimentaires et manufacturiers, on sait aujourd’hui, de la bouche même des
officiels nigérians, que ce bouclage va durer « jusqu’à ce que les pays voisins acceptent et signent tous les
documents de protocole qui permettront l’assouplissement des frontières… ». Ainsi parlait Hamed Ali, le
puissant contrôleur des douanes nigérianes, lors d’une visite à Maigatari, un poste frontalier avec le Niger, le
11septembre, devant des éléments de la « force conjointe » chargée de boucler la frontière. Et d’ajouter dans
des propos jugés « méprisants et menaçants » par tous les commentateurs : « Nous ne pouvons plus croiser
les bras en regardant de tels pays prospérer au détriment du nôtre ! ». Et comme si cela ne suffisait pas, le
Nigéria menace à présent de passer à la vitesse supérieure, en coupant l’électricité au Niger au Benin et au
Togo.
Une chose est claire : Le « géant africain » vient d’asséner un uppercut assassin à la ZLECAF et à l’ECO,
des projets où l’opinion africaine attendait pourtant de lui, un leadership plus smart et plus innovant.
Aujourd’hui, le Nigéria impose sans sourciller, une dictature économique à ses voisins immédiats, avec tout
ce qu’il y’a de cruel et d’abjecte dans sa mise en œuvre : Brusque, violente, unilatérale et suivie d’une
rhétorique nationaliste, support de sa justification. Première économie africaine, comptant pour environs 70%
du PIB des pays de la CEDEAO, par la fermeture de ses frontières, renforcée de mesures ultras
protectionnistes, le Nigéria porte ainsi un coup mortel au « rêve africain ».
Gigantesque panne économique
Sur le terrain, cette fermeture, malgré les optimismes affichés à Abuja et Lagos, a entrainé une «
gigantesque panne » de l’économie ouest africaine. Une belle pagaille orchestrée dont les résultats visibles
sont aux antipodes des attentes supposées de ses instigateurs. Au Nigéria même, les marchés florissants
des frontières nord et ouest sont quasiment vides, mettant en chômage technique et en péril des millions
d’emplois, anéantissant ainsi toute l’économie frontalière.
Du côté des frontières béninoises et nigériennes, de longues files de plus de 1000 camions chargés de
marchandises, dont certaines sont périssables, attendent encore et encore. Les douanes du Benin et du
Niger enregistrent les recettes les plus basses de leur histoire, ce qui aura un impact certain sur les
dépenses publiques de ces pays. Devant tant de désastre économique, le Président du Parlement de la
CEDEAO, Moustapha Cissé Lo, a lancé un appel de solidarité aux autorités nigérianes le 16 septembre
depuis Monrovia, en vue de la réouverture immédiate des frontières. Un cri dans le désert qui se heurte pour
le moment au mutisme et l’intransigeance d’Abuja.
Tout n’est pas perdu
Au delà des justifications servies, les observateurs africains scrutent particulièrement « derrière la nuque »
des responsables nigérians pour comprendre les véritables motivations de ce gchis régional. L’élite nigériane
s’est-elle, encore une fois, laissée manipulée par les « forces anti panafricanistes extérieures » pour de
nouveau foutre le bordel dans le rêve africain ? Se demandent nombre d’analystes qui ont encore en
mémoire les rivalités fratricides entre le « groupe de Monrovia » et celui de Casablanca qui ont capoté le
premier rendez-vous des « Etats Unis d’Afrique » dans lesquelles le Nigéria avait joué un rôle prépondérant.
Certains analystes plus optimistes, pensent cependant que tout n’est pas perdu pour la ZLECAF et l’ECO.
Selon eux, le Nigéria veut tout simplement prendre les devants pour récupérer le leadership sur ces deux
grands projets panafricanistes où il accuse justement du grand retard. Conscient de sa force en Afrique et
particulièrement en Afrique occidentale, il veut à juste titre redistribuer les cartes et imposer ses règles, avant
que les choses ne lui échappent totalement. Pour cela, il n’hésite pas à soumettre ces deux projets auxquels
il adhère toujours, à un crash test pour remettre chacun à sa place.
Pour l’heure, le Niger, le Benin et les autres pays frontaliers se sont déjà pliés devant les premières
injonctions de leur « grand voisin », en interdisant la réexportation du riz et d’autres produits alimentaires. Les
frontières restent cependant toujours fermées, car le Nigéria attend de ses voisins la signature d’un nouveau
« protocole pour l’assouplissement des frontières » !
Jusqu’à quand va durer ce supplice, se demande-t-on à Cotonou, Niamey, N'Djamena et Yaoundé ? Wait an
see, répond-on du côté d’Abuja !
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