Face à la révolution du secteur du digital, la mise en œuvre d’un certains nombres de disposition s’impose afin de réguler le secteur. Dans une opinion l'économiste Philippe Crevel tente de faire des propositions.

Les entreprises du digital mettent en cause les fondamentaux de l'économie capitaliste et de la démocratie puisque leur richesse provient des données qu’elles recueillent auprès des internautes.
« Si Google, Apple, Amazon et consorts dégagent d’importants bénéfices, c’est grâce aux volumes d’information croissants traités et revendus. Ils permettent d’adresser des publicités ciblées aux consommateurs, de les orienter voire les désorienter. Ils sont à la base de nombreux algorithmes et applications qui sont utilisés par un très grand nombre d’entreprises », explique l'économiste Philippe Crevel.
En se déplaçant, en consultant ses mails en regardant une vidéo, un site, en payant, une personne génère des données qui sont susceptibles d’être exploitées. Pour l'économiste, entre 2020 et 2025, le monde numérique comptera plus de  2 142 zettaoctets de données numériques.
« Les données constituent une matière première en grande partie gratuite. Dans le mode de processus industriel, un tel phénomène est rare même si dans le passé, les rapports entre les entreprises transformant les matières premières et les producteurs de ces dernières ont toujours été compliqués, comme en témoignent les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 », dévoile Philippe Crevel. Pour justifier le maintien de cette collecte de données gratuites, il soutient que les géants du digital mettent en avant qu’elles permettent de concevoir des produits adaptés aux besoins et aux attentes des consommateurs, qu’elles sont à l’origine d’avancées sur le plan médical, de géolocalisation, de la prévention des catastrophes naturelles, etc. La collecte des données et leur utilisation posent des problèmes d’ordre économique et éthique. Les règles de la libre concurrence sont faussées et les droits de l’homme sont également menacés. Les lois adoptées ces dernières années sont inopérantes pour réguler le marché des données. Et par-dessus tout, les données constituent une matière première quasi-gratuite.