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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreApple, Google, Whatsapp : les géants du numérique sont déjà largement présents dans les solutions de paiement. De là à devenir de vrais acteurs financiers et bancaires, il reste un gouffre et bien des obstacles à franchir, que les acteurs traditionnels du secteur, appuyés par les Etats, ne sont pas pressés de voir disparaître.
Voilà sans doute l'une des plus grandes craintes éprouvée par le secteur bancaire européen : que les Gafam (Google, Amazon…) « lui tombent sur la tête ». Depuis des années, les géants américains de la tech et de l'internet tournent autour des services financiers, et pourraient, un jour, lancer une offre bancaire classique à partir de leurs puissantes plateformes. « Nous avons deux ans - pas plus - pour construire une alternative européenne aux bigtechs », déclarait cette semaine le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau dans ses voeux à la place financière de Paris.
Pour l'heure, l'offensive se limite dans les grandes lignes aux services de paiement, un métier dont les banques ont mesuré - trop tard - la valeur stratégique. Avec Apple Pay, Google Pay, ou Whatsapp (qui appartient à Facebook), chacun de ces géants pousse ses pions selon des modalités particulières. Mais avec constance. Or, pour la première fois depuis longtemps, un obstacle pourrait freiner cette marche en avant : un encadrement de la bigtech qui pourrait profondément changer de nature ces prochaines années. Il ne s'agit en rien de mesures barrières, visant à limiter artificiellement l'accès aux services bancaires. Ces dernières années, les autorités européennes ont bien au contraire favorisé l'émergence des fintechs et contraint les banques à donner davantage accès à leurs systèmes d'information. Ce qui se dessine n'est pas de l'ordre de la simple réglementation, mais plutôt un mouvement de fond : partout dans le monde, qu'il s'agisse ou non de finance, les pouvoirs publics réfléchissent à la façon d'appréhender les bigtechs en tant que telles.
En raison de leurs dimensions et en ayant su se rendre incontournables auprès d'une kyrielle de secteurs d'activité, les Gafam (tout comme leurs équivalents chinois, les BATX) ont pris une importance systémique dans l'économie mondiale, et l'éventuelle défaillance d'un tel acteur serait vraisemblablement un canal de transmission pour une crise économique ou financière.
Les régulateurs mondiaux de la finance, au sein du G20, comme au niveau européen, tentent d'en tirer toutes les conséquences. Cette vision est encore assez embryonnaire, et il est trop tôt pour dire sur quelles mesures concrètes elle pourrait aboutir. Mais certains signes convergent et en donnent un avant-goût.
On pense par exemple au projet européen de réglementation des fournisseurs de cloud bancaires (au sein de la directive DORA) qui pourrait conduire, dans quelques années, un régulateur financier européen à surveiller en direct les activités de cloud bancaire d'un Amazon ou d'un Google.
Autre indice, fin 2019, le
Conseil de stabilité financière du G20 (FSB), a tiré la sonnette d'alarme dans un rapport consacré aux Gafam et à leurs ambitions dans la finance. Notamment, en cas de crise financière : en distribuant des services financiers, même via un partenariat bancaire, ils relaieraient les risques associés à cette crise à une échelle potentiellement plus massive que ne le ferait une banque.
Si l'on va au bout du raisonnement - ce que ne fait pas encore le G20 - si une entreprise est considérée comme « systémique » (du point de vue financier), cela pourrait-il impliquer - comme pour les banques - de lourds investissements en infrastructures ? Ou des ratios de fonds propres à respecter ?
Ce qui accélère les débats, c'est aussi une prise de conscience de la part des Etats : un groupe technologique « trop » innovant en matière financière finit par toucher à la souveraineté de l'Etat. Une ligne rouge qui, lorsqu'elle est franchie, ou paraît sur le point de l'être, provoque généralement une réaction très rapide des pouvoirs publics.
Le projet de monnaie virtuelle porté par Facebook, la Libra (renommé « Diem » en décembre dernier), a ainsi sonné comme un avertissement. Voilà un groupe privé, qui, via une fondation basée en Suisse, s'apprêtait à mettre en circulation un « stable coin » (une cryptomonnaie dont la valeur est assise sur un panier de monnaies), utilisable par deux milliards d'utilisateurs.
Les régulateurs lui ont réservé un accueil glacial, y décelant des risques en matière de stabilité financière, de maîtrise de la politique monétaire ou de respect de la vie privée des utilisateurs. Une nouvelle version du projet doit être dévoilée dans les prochaines semaines.
Cette logique régalienne a aussi joué en Chine où les autorités ont brutalement mis fin au projet d'introduction en Bourse du géant Ant Group, avant de lui intimer l'ordre de se recentrer sur le paiement, son métier d'origine. Le groupe s'était aussi développé dans le crédit et les solutions d'investissement, en marge des puissantes banques contrôlées par l'Etat…
Au-delà des intentions affichées, assurer la régulation financière des Gafam sera toutefois un casse-tête. Au moins deux grands défis se présentent : le premier consiste à trouver la bonne façon d'encadrer une plateforme qui, par définition, ne fait pas que de l'épargne, du crédit ou du paiement, mais pratique un grand éventail de métiers. Faudra-t-il alors la superviser métier par métier (en silo), au risque de perdre en consistance ? Ou plutôt travailler selon des thématiques transversales (par exemple, la lutte anti-blanchiment, le respect de la vie privée…) ?
Le deuxième enjeu touche à la nécessaire coopération internationale en matière de supervision. Dans le domaine financier, les gendarmes bancaires du monde entier accordent leurs violons autour de normes non contraignantes, ensuite déclinées dans chaque pays. Mais pour une plateforme technologique, cette coordination mondiale reste à créer. C'est un grand handicap lorsque l'on cherche à apprivoiser des « animaux » largement dématérialisés et actifs dans le monde entier.
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