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Le procédé – une relation interbancaire – est méconnu du grand public mais permet 70 % des transactions financières dans le monde…
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C’est quoi le « correspondent banking » ?
Une banque belge, ING Belgique (pour reprendre l’exemple de l’infographie ci-dessus) gère les dépôts de ses clients en euros uniquement. Elle peut réaliser des transactions dans cette devise avec les autres banques de la zone euro. Problème : un de ses clients souhaite réaliser une transaction en dollars. Pas de soucis : la finance internationale a tout prévu. ING Belgique peut faire appel à une consœur américaine, Bank of America en l’occurrence, qui lui ouvre un compte à son nom aux USA. L’argent de la transaction transitera alors par la banque américaine pour arriver au bénéficiaire final en dollars, comme demandé par le client.
ING Belgique et Bank of America ont noué une relation de « correspondance bancaire », un contrat qui permettra d’exécuter chaque demande similaire de la clientèle. Le procédé, méconnu du grand public, est pourtant omniprésent : selon l’intermédiaire de paiement Swift, il concerne environ 70 % des transactions financières dans le monde.
Il s’agit bien d’un service commercial : les banques se rémunèrent entre elles pour ce type d’opérations. ING Belgique a donc un ensemble de partenaires de ce type, répartis par devise. Certaines banques ont jusqu’à plusieurs centaines de relations de correspondance. La banque européenne peut également vendre le même service « inversé » à des institutions étrangères.
Jusqu’ici, les choses sont, façon de parler, simples.
C’est là qu’entre en jeu le « nesting » : beaucoup de petites banques n’ont pas accès, par exemple, au dollar, faute de relation de correspondance avec une banque américaine. Encore une fois, le problème n’en est pas un : ces petites banques peuvent « louer » – ce service n’est, bien sûr, lui non plus, pas gratuit – les réseaux de correspondance d’établissements plus grands. Pour ce faire, la petite banque noue à son tour une relation de correspondance avec la grande, et peut profiter dans la foulée de sa relation avec une institution américaine.
Par exemple, la bulgare TBI Bank devient cliente d’ING Belgique, ouvre un compte chez cette dernière et emprunte sa relation de correspondance avec Bank of America pour acheminer les transactions de ses clients en dollars. Le « nesting » est, en quelque sorte, une « double » relation de correspondance.
2
Y a-t-il un risque de blanchiment ?
Les organismes en charge de la lutte contre le blanchiment que nous avons interrogés sont unanimes : bien que pierre angulaire du système financier mondial, le « correspondent banking » est une activité « sensible ».
« Les relations de correspondance bancaire, en particulier si elles sont transfrontalières, sont considérées comme intrinsèquement plus risquées et constituent un canal par lequel les banques peuvent être exposées au blanchiment, comme au financement du terrorisme. C’est pourquoi des mesures appropriées doivent être prises pour atténuer ces risques », explique un porte-parole du Gafi, le groupe d’action financière, organisme supranational qui règne sur la lutte anti-blanchiment mondiale.
Dès 2005, l’Europe a d’ailleurs ordonné un devoir de « vigilance accrue » aux banques qui font de la correspondance. Directive traduite en droit belge cinq ans plus tard. Depuis 2010, avant de nouer une relation de correspondance, les banques belges doivent, en pratique, vérifier clairement l’identité et les activités de leur client (pays depuis lequel il opère, antécédents, nature des services proposés…) et évaluer les mesures que ce dernier a mises en place pour lutter contre le blanchiment d’argent.
Le client est donc bien ici la banque. Quid alors du client du client ? Toujours d’après le même exemple, ING Belgique a pour cliente TBI Bank qui a pour cliente la société Medina Networks. Légalement, la relation de confiance établie entre les deux établissements est « suffisante ». ING ne doit donc pas savoir qui se cache derrière Medina. Mais si une transaction d’un client de TBI Bank apparaît comme suspecte aux yeux d’ING Belgique, cette dernière a le droit (voire le devoir) d’exiger des informations supplémentaires sur ce client à l’établissement bulgare.
3
Les banques belges vendent-elles ce service ?
Nous avons sondé les quatre premières institutions du pays, BNP Paribas Fortis, KBC, ING Belgique et Belfius. Premier constat : le sujet est visiblement délicat. Deuxième constat : toutes achètent des services de correspondance à des institutions étrangères pour offrir ce type de services à leurs clients. Troisième constat : seule BNP Paribas Fortis a « arrêté depuis 2014 toutes ses activités commerciales de correspondent banking ». D’autres entités du groupe sont potentiellement toujours actives à ce niveau, mais BNP Paribas, la maison mère, n’a pas souhaité donner suite à nos questions.
Belfius précise « assurer ce service de manière marginale, uniquement pour quelques institutions financières belges de plus petite taille et une seule non belge et ne pas pratiquer le nesting. »
KBC et ING Belgique vendent, eux, des services de « correspondent banking » et de « nesting » à des banques tierces. Tarifs pratiqués, nombre de relations nouées et avec qui… Pour les détails, il faudra repasser.
La fédération bancaire Febelfin ne dispose pas non plus de chiffres sur le sujet. Seule la Banque nationale de Belgique nous a communiqué quelques statistiques nationales. Ainsi, en 2019, moins de 20 % des établissements bancaires établis chez nous étaient actifs sur ce segment (leur nombre aurait tendance à diminuer). La majorité considérait l’activité « comme accessoire ». Ensemble, ces banques comptabilisaient tout de même un peu plus de 2.000 relations de correspondance bancaire (ce nombre diminuerait lui aussi significativement d’année en année), dont la moitié avec des institutions en dehors de l’Union européenne. Enfin, une petite minorité des institutions actives en Belgique pratique également le « nesting ».
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