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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreTout concourt à l’affaiblissement de la devise américaine. Mais pas au point de la faire tomber de son piédestal.
Retour à la normale ou amorce d’un changement de régime durable ? Cet été, la glissade rapide du dollar aura été l’une des grandes tendances de marché. Le billet vert n’a pas seulement faibli contre l’euro, en touchant les 1,20 début septembre, mais contre toutes les grandes devises, comme le montre le recul de 7 % en quatre mois de l’indice DXY. Un repli dont la vitesse a même conduit certains économistes à s’interroger sur le risque de perte du statut de monnaie de réserve dont jouit la devise américaine.
Si on la remet en perspective, cette correction apparaît cependant limitée au regard des standards historiques, et le dollar est encore jugé surévalué. L’indice DXY n’a fait que revenir à son niveau de début 2018. Le chemin est encore long avant d’enregistrer un plongeon comparable à ceux qui avaient suivi l’explosion de la bulle internet en 2000 (-32 % jusqu’en 2004) et les fameux accords du Plaza de septembre 1985, où les grands pays du G5 s’étaient coordonnés pour affaiblir le billet vert de près de 50 % en dix-huit mois. Le repli estival s’explique par un regain d’appétit pour le risque des investisseurs après le choc du début d’année, mais aussi par la politique toujours plus accommodante de la Réserve fédérale. Le différentiel de rendement en faveur des Etats-Unis s’est considérablement réduit, de près de 140 points de base par exemple entre les taux à 2 ans américain et allemand.
L’incertitude politique joue aussi, qu’il s’agisse du résultat de l’élection présidentielle américaine ou de l’incapacité des démocrates et républicains à s’accorder sur une prolongation des aides aux ménages. L’endettement galopant des Etats-Unis et la fuite en avant de la Réserve fédérale suscitent le plus de questions. Le Congressional Budget Office, l’organe budgétaire rattaché au Congrès, prévoit que la dette publique fédérale bondirait à 98,2 % du produit intérieur brut américain en 2020 (+20 points), puis à 105,6 % du PIB en 2022. Une dette désormais largement monétisée. En se donnant fin août un objectif d’une inflation moyenne sur la durée qui pourra être dépassé aussi longtemps que nécessaire, la Réserve fédérale a ancré le bas niveau des taux, en même temps qu’elle laisse planer le risque d’être un jour débordée par l’inflation – un phénomène qui tient pour l’instant du fantasme. « Le stimulus de la Fed a été bien plus grand et l’expansion de son bilan la plus élevée parmi les principales banques centrales, relèvent les analystes de Barclays. L’adoption d’un objectif moyen d’inflation, dans un monde où les autres banques centrales gardent une cible spécifique, pourrait amener une faiblesse structurelle du dollar en permettant un excès d’inflation et un déclin relatif des taux réels. »
Poids lourd
La plupart des économistes s’attendent ainsi à une poursuite de l’affaiblissement du billet vert, à l’image des panélistes interrogés tous les mois par L’Agefi Quotidien. A court terme, certains d’entre eux pointent tout de même son potentiel de stabilisation. « Il y a eu une série de mauvaises statistiques américaines, en raison d’une hausse des infections au virus lors du déconfinement du début d’été, mais cette tendance devrait s’inverser, car le nombre d’infections augmente désormais nettement en dehors des Etats-Unis et diminue fortement au plan domestique », estime Ben Randol, stratégiste changes chez Bank of America. Chez HSBC, Paul Mackel conteste même l’idée d’un lien entre performances des économies et évolutions des devises ces derniers mois, en soulignant que les indicateurs de surprise économique ont été meilleurs outre-Atlantique qu’en Europe. « Vu la volatilité des indicateurs de conjoncture, les marchés financiers ont semble-t-il ignoré beaucoup des fondamentaux traditionnels, et ont laissé la communauté des traders bâtir des positions spéculatives à des degrés extrêmes », indique le stratégiste change de HSBC, avec des positions vendeuses élevées sur le dollar qui devront se résorber. A moyen terme, les facteurs évoqués – expansion monétaire, crédibilité de la politique budgétaire, croissance de la dette extérieure – continueraient à peser. De là à ce que la devise tombe de son piédestal, il y a un pas que beaucoup se refusent à franchir. Les Treasuries américains restent l’actif sûr et liquide par excellence, et le dollar pèse pour 62 % des réserves mondiales de change, une suprématie que ni l’euro ni le yuan ne sont près de lui contester. Le rush de février-mars vers le billet vert, dans des marchés en panique, est là pour le prouver.
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