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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreL'euro a franchi le seuil symbolique de 1,20 dollar mardi avant de revenir mercredi à 1,1840 dollar, en repli de 0,8 %.
Après la chute de l'indice des prix en août, les marchés pointent un risque de déflation et un scénario à la japonaise.
Les investisseurs anticipent une réaction, au moins verbale, de la BCE lors de sa prochaine réunion.
L'euro a dépassé le seuil symbolique de 1,20 dollar mardi, à 1,2011 dollar, pour revenir mercredi à 1,1840 dollar, en repli de 0,8 %. Depuis le début de l'année, il gagne 5,3 % face au billet vert, et 4,3 % globalement, par rapport aux devises de ses principaux partenaires commerciaux.
La hausse de l'euro depuis la fin mars de 1,07 à 1,18 dollar « a été provoquée par des flux spéculatifs et ne repose pas sur les fondamentaux économiques européens. La devise européenne sera bientôt rattrapée par la réalité (récession) et baissera », prédit David Bloom, responsable de la recherche sur les changes chez HSBC. « Quand les taux d'intérêt européens ne peuvent plus beaucoup baisser c'est normalement au tour de l'euro de prendre le relais et de reculer pour desserrer les conditions financières. » La Banque centrale européenne (BCE) pourrait faire davantage référence à la hausse néfaste de l'euro, comme elle l'avait fait de fin 2017 à début 2018 quand la devise européenne avait trop progressé à son goût.
« Un signe de confiance »
L'évolution de l'euro a suscité de premières déclarations prudentes des membres de la BCE, conformément à sa retenue historique quand elle s'exprime sur sa monnaie. Philip Lane, le chef économiste de la BCE, a rappelé que la « BCE ne cible pas un niveau du taux de change, mais l'euro-dollar a son importance ». Isabel Schnabel, membre du conseil exécutif de la BCE, voit quant à elle dans la vigueur de l'euro « un signe de confiance ». Le taux de change global de la monnaie unique par rapport aux devises de ses partenaires commerciaux s'établit juste 1 % en dessous de son record absolu atteint en octobre 2009.
Lors de sa réunion du 10 septembre la BCE pourrait évoquer « un resserrement non justifié des conditions financières » causé par la hausse de l'euro. « Une appréciation du taux de change de l'euro entraîne un durcissement des conditions financières dans la mesure où elle fait baisser l'inflation (par le biais des importations) et accroît le taux d'intérêt réel », souligne la Banque de France.
La vigueur de la devise européenne est un signe annonciateur pour certains économistes. « Les marchés jugent que la BCE ne prend pas au sérieux le risque de déflation et que sa politique de soutien depuis la crise est insuffisante », estime Robin Brooks, chef économiste de l'Institute of International Finance. En août, les prix à la consommation ont reculé pour la première fois depuis 2016 (- 0,2 % sur 1 an). Les marchés anticipent une inflation de 1,2 % à long terme dans la zone euro, bien en dessous de l'objectif de 2 % de la BCE.
En 2008, la Banque du Japon avait sous-estimé le risque de déflation, ce qui provoqua une nette progression du yen. La devise nippone ne baissa qu'à partir de 2013. Dans la crise du coronavirus, la zone euro fait face à un scénario « à la japonaise » et l'euro pourrait ainsi continuer à progresser jusque vers 1,25 dollar, d'après Robin Brooks, si la BCE ne prend pas de nouvelles mesures drastiques pour faire remonter l'inflation. Selon Goldman Sachs, une hausse de 10 % de l'euro fait chuter de 1 % le produit intérieur brut et l'inflation dans les deux ans. La banque américaine prévoit un niveau de 1,25 dollar dans les douze mois.
Sur Twitter, Frederik Ducrozet, économiste et stratège chez Pictet Wealth Management, estime que pour faire remonter l'inflation dans la zone euro vers son niveau tendanciel de 2 %, la BCE devrait tolérer un dérapage des prix significatif de 3,3 % à 6 % pendant plusieurs années. De quoi donner des sueurs froides aux faucons de la banque centrale, partisans de la tolérance zéro sur l'inflation, et attiser les divergences au sein de l'institut d'émission. La Réserve fédérale américaine a décidé, la semaine dernière, de tolérer des poussées ponctuelles de l'inflation au-delà de son objectif de 2 %. Il n'est pas sûr qu'elle soit imitée dans l'immédiat de ce côté de l'Atlantique.
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