Florence Schurch, secrétaire généralede la Swiss Shippingand Trading Association (STSA), dresse le bilan. Interview.

Pour des raisons historiques, Genève est une des grandes places mondiales du commerce des matières premières et de leur acheminement. Avant la Seconde Guerre mondiale, la Suisse comptait déjà des entreprises de négoce, comme André (grains) ou la société de commerce bâloise (palme, cacao). Avec l’expulsion des juifs égyptiens en 1956, des cotonniers viennent s’installer au bord du lac Léman, suivis de deux énormes entreprises américaines, Cargill (céréales) et Philipp Brothers (minerais). L’activité rapporte au canton, puisqu’elle représente 17% des rentrées fiscales de l’impôt sur les entreprises

Florence Schurch, quel est l’impact de la crise sur vos membres?

Varié. Il faut distinguer la situation du commerce des matières premières de celle du transport maritime. En ce qui concerne le commerce, pour l’instant, on constate peu l’impact de la crise. La preuve, les Suisses n’ont pas eu à souffrir de pénuries. Il faut dire aussi que les traders ont l’habitude de trouver des solutions créatives dans des périodes d’instabilité. Ils sont là pour rétablir l’équilibre sur les marchés et dans la balance des échanges. C’est leur métier, travailler en période de troubles et pouvoir déployer toute leur expertise, même quand le chaos règne. Le transport maritime vit en revanche une situation plus difficile: passablement de bateaux ont été bloqués dans les ports lorsque les pays ont fermé leurs frontières et puis les échanges diminuent globalement, comme les transports de passagers.

Quels sont les défisde la branche?

Ils sont nombreux. La question de fond, existentielle, est celle des modifications climatiques qui influencent les récoltes, notamment des produits agricoles, comme les céréales, le café, le cacao, etc. Stocker les surplus de marchandises (pétrole), financer les ventes et trouver de nouveaux clients, porter attention aux différents taux de change et des monnaies qui fluctuent en période de déséquilibre, en particulier de la principale dans le secteur, le dollar. En parallèle, en Suisse, ces dernières années, un certain nombre d’initiatives populaires ont été lancées, qui altèrent l’image des négociants travaillant pour que les citoyens puissent bénéficier de biens de consommation qui ne sont pas cultivés en Suisse et de facto sont des vecteurs de développement dans certains pays d’Afrique et d’Amérique du Sud. Ils enseignent un métier, qui permet aux paysans africains et sud-américains de pouvoir vivre de leur travail et ne plus être assistés. Ce serait faire preuve de colonialisme que de vouloir que tous les pays du monde appliquent le droit du travail suisse.

Pouvez-vous présentervotre association?

STSA, c’est 190 entreprises en Suisse, dont 90 établies à Genève, comptant environ 7500 employés à Genève et 35’000 emplois au total en Suisse. Nos membres sont très variés, puisqu’ils opèrent aussi bien dans l’énergie que dans l’agriculture (café, cacao, céréales, coton) et le minerai. On compte de grosses entreprises comme Cargill ou Vitol, mais 80% de nos membres sont de petites PME allant de trois à vingt employés. Marc Bretton