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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreDepuis la fin mai, l'euro s'est apprécié de plus de 6 % face à la devise américaine, à près de 1,16 dollar. Alors que ce mouvement pourrait se poursuivre cet été d'après les économistes, il n'a pas entraîné, à ce stade, de hausse substantielle de la demande de produits de couverture de la part des trésoriers.
Où s'arrêtera l'appréciation de l'euro face au dollar ? Depuis la mi-mai, la monnaie unique a bondi de plus de 6 % face au billet vert, passant sur la période de 1,08 à près de 1,158 dollar. Un niveau qu'elle n'avait plus atteint depuis octobre 2018. Alors que de nombreux opérateurs de marché anticipaient, au moment du déconfinement, une stabilité de la parité autour de 1,10 dollar pour 1 euro, plusieurs facteurs sont venus soutenir la devise européenne : perspective d'un plan de relance communautaire massif s'ajoutant à des plans de relance nationaux eux-mêmes d'ampleur, rebond rapide des indicateurs économiques sur le Vieux Continent à la sortie du confinement, craintes des investisseurs sur les impacts économiques des nombreuses manifestations contre le racisme outre-Atlantique...
Le retour de produits complexes
Bénéficiant d'un euro fort, les entreprises importatrices ont, pour certaines, cherché à tirer profit de cette tendance. «Au cours des dernières semaines, plusieurs de nos clients qui achètent en dollars ont voulu figer des taux de conversion devenus beaucoup plus favorables via la mise en place de produits de couverture, confirme Pascale Moreau, responsable mondiale de la vente crédit, taux et change pour les entreprises chez Société Générale CIB. Quelques-uns d'entre eux, principalement des PME, ont même souscrit des produits structurés de type "accumulateurs" qui peuvent offrir, en fonction de l'évolution de la parité, des cours bonifiés.»
Pour cela, la parité doit évoluer dans une fourchette prédéfinie. Pour autant, une majorité d'importateurs semblent être restés attentistes face à l'affermissement de la devise européenne. Et pour cause : ceux-ci ne font actuellement face à aucun besoin de couverture supplémentaire. Bien au contraire. «L'essentiel de nos clients ont couvert tout ou partie de leurs flux prévus pour 2020 il y a de nombreux mois déjà, indique Serge Assouline, président-directeur général de Forex Finance. Comme la crise a provoqué le report ou l'annulation de nombreux contrats commerciaux, ils sont nombreux à s'être retrouvés sur-couverts.» A ce titre, de nombreuses annulations ou restructurations de produits de change ont été réalisées par les entreprises françaises entre mars et mai.
Du côté des exportateurs, on aurait pu penser que l'appréciation récente de l'euro les incite à se protéger davantage, de manière à éviter l'érosion de leurs marges. Mais, là non plus, cette hypothèse ne s'est pas vérifiée. Outre le déficit de transactions identifiées à couvrir et des situations de sur-couverture, comme chez les importateurs, un autre paramètre a milité pour le statu quo. «En réponse à la crise, la Fed avait abaissé la fourchette de son principal taux directeur d'un point en mars dernier, pour la ramener entre 0 % et 0,25 %, rappelle Serge Assouline. En conséquence, le différentiel entre les taux en euros et les taux en dollars s'est considérablement réduit.» Mécaniquement, cela s'est traduit par une diminution de l'écart entre le cours euro-dollar en vigueur (cours spot) et le cours auquel une entreprise peut se couvrir à terme - cet écart est appelé «points de terme». «Il y a tout juste un an, lorsque l'euro valait 1,10 dollar, une entreprise se voyait proposer du fait de taux directeurs américains sensiblement plus élevés un taux de 1,14 dollar à horizon douze mois, précise Serge Assouline. Actuellement, il leur est possible d'obtenir un taux d'environ 1,168 dollar pour 1 euro dans un an alors que le cours spot s'établit autour de 1,158 dollar, soit un différentiel de "seulement" 100 points de terme. Dans ce contexte, certains trésoriers préfèrent attendre de voir si la dynamique haussière de l'euro se poursuit avant de se couvrir. Et s'ils doivent le faire à brève échéance, ils savent que le cours dont ils bénéficieront à terme ne sera pas très éloigné de celui qu'ils pourraient figer aujourd'hui du fait de la baisse des points de terme.»
Peu de liquidités sur les marchés en août
De l'avis des opérateurs de marché, seule une amplification du renforcement de la monnaie unique pourrait, à moyen terme, conduire les exportateurs à changer de stratégie. «Si l'euro venait à franchir le seuil de 1,20 dollar, la situation deviendrait plus complexe à gérer pour eux», prévient Serge Assouline. Or un tel scénario paraît crédible. Tandis que la quasi-totalité des économistes interrogés par Option Finance tablent sur une poursuite de la tendance haussière (voir tableau), les experts de Deutsche Bank et de BNP Paribas voient la parité s'inscrire en fin d'année à respectivement 1,20 dollar et 1,22 dollar pour 1 euro. Certains spécialistes n'excluent d'ailleurs pas qu'une telle cible soit atteinte à brève échéance. «Le plan de relance européen adopté la semaine dernière constitue un facteur de soutien à l'euro indéniable, non seulement au regard de sa taille (750 milliards d'euros), mais aussi de sa dimension solidaire (subventions non remboursables aux Etats, émission de dette commune...) qui tend à conforter la crédibilité du projet européen, estime Louis Boisset, économiste chez BNP Paribas. Dans le même temps, nous assistons à une dégradation de la situation sanitaire aux Etats-Unis, ce qui est de nature à affaiblir le dollar.» Sous réserve qu'une deuxième vague de contaminations au coronavirus ne déferle pas sur l'Europe, ce contraste pourrait dès lors provoquer d'importantes fluctuations sur le Forex dès le mois d'août. «A cette période de l'année, la raréfaction des liquidités sur le marché des changes liée à la pause estivale peut aboutir à des mouvements parfois violents», rappelle Pascale Moreau. Voilà qui constitue un avertissement à l'intention des trésoriers à la veille des départs des vacances...
@ALefebvre_of
En venant renforcer les marges de manœuvre budgétaires des Etats européens, le plan de relance européen historique de 750 milliards d'euros adopté la semaine dernière constitue selon les stratégistes un facteur de soutien à la monnaie unique.
En raison du report ou de l'annulation de beaucoup de contrats commerciaux, de nombreuses entreprises qui avaient mis en place des instruments de protection contre le risque de change se sont retrouvées en situation de sur-couverture.
Alors qu'elle était montée jusqu'à 13 % au début du confinement, la volatilité de la parité euro-dollar est depuis retombée autour de 6,5 %.
Le différentiel entre le taux euro-dollar actuel et le niveau auquel il est possible de se couvrir sur un horizon de douze mois s'établit aujourd'hui à 100 points environ, soit quatre fois moins qu'il y a un an.
Des monnaies émergentes en fort recul face à l'euro
• Depuis le début de l'année, la plupart des devises de pays émergents se sont fortement dépréciées face à l'euro, du fait principalement des sorties de capitaux de ces pays provoquées par la crise sanitaire (voir tableau). «Afin de sécuriser leurs profits dans les pays concernés, mais aussi dans la perspective de remontées de dividendes en provenance des filiales locales, plusieurs de nos clients corporates ont souhaité mettre en place des produits de couverture durant les dernières semaines, évoque Pascale Moreau, chez Société Générale CIB. Ce type d'opérations a principalement porté sur des devises d'Amérique latine.»
(performance du 1er janvier au 22 juillet)
Real brésilien : - 23,8 %
Peso mexicain : - 17,7 %
Peso argentin : - 18,7 %
Renminbi : - 3,6 %
Roupie indienne : - 7,3 %
Rouble : - 15,2 %
Livre turque : - 15,9 %
Rand sud-africain : - 17,5 %
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