RSS Feed  Les actualités de la BRVM en Flux RSS

NEWS FINANCIÈRES

Nous agrégeons les sources d’informations financières spécifiques Régionales et Internationales. Info Générale, Economique, Marchés Forex-Comodities- Actions-Obligataires-Taux, Vieille règlementaire etc.

« L'Europe et l'Afrique doivent relever ensemble le défi du Covid-19 »

06/04/2020
Source : LePoint.fr
Catégories: Taux

Profitez d'une expérience simplifiée

Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play Store

 Pour le Cian*, une stratégie commune s'impose au moment où, face au Covid-19, l'Europe est au
coeur du cyclone quand l'Afrique s'apprête à y entrer.
L'Afrique n'échappe pas à la propagation du Covid-19. Après l'Asie, l'Europe et l'Amérique, le virus va
déferler sur le continent dans les prochaines semaines. 51 des 54 États du continent sont maintenant atteints
et près de 10 000 cas sont maintenant recensés. Les principaux foyers se situent toujours en Afrique du Sud,
en Égypte et dans les trois pays du Maghreb, mais l'épidémie progresse partout. Concentrée sur sa propre
gestion de cette crise dramatique, l'Europe semble négliger les conséquences de l'expansion du virus au sud
de la Méditerranée. L'Afrique est pratiquement absente du débat public.

Les pays du continent vont avoir les pires difficultés à lutter contre ce virus invisible : les mesures de
confinement mises en oeuvre ailleurs risquent de ne pas pouvoir être reproduites à l'identique. Les données
épidémiologiques, souvent lacunaires, ne permettront pas de refléter la progression réelle du Covid-19. Les
équipements manquent, qu'il s'agisse des masques, des tests de dépistage ou des appareils respiratoires. La
densité de population dans les métropoles africaines - Lagos compte 20 millions d'habitants - va en outre
favoriser les contaminations. Le seul facteur d'espoir, qui demande à être confirmé, réside dans la jeunesse
de la population du continent : la médiane d'âge s'établit à 21 ans en Afrique subsaharienne et à 31 ans au
Maghreb, contre 47 ans en Italie. Or il semblerait que le Covid-19 soit moins virulent auprès des jeunes. Mais
cela suffira-t-il ?

Pour Etienne Giros, président délégué du CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique), "les pays du
continent vont avoir les pires difficultés à lutter contre ce virus invisible". © DR
Une crise économique sans précédent
Au-delà des drames humains, les conséquences de cette crise de santé publique s'annoncent dramatiques
sur le plan économique. L'ONU estime que le continent a un besoin immédiat de 200 milliards de dollars pour
répondre aux défis sanitaires. Il en faudra probablement dix fois plus pour atténuer les effets sur les
économies africaines. Les pays africains n'ont pas les réserves financières ou les capacités que l'Europe
peut mobiliser. Une récession paraît inéluctable, car les mauvaises nouvelles s'additionnent. Le prix des
matières premières, principales ressources à l'exportation des pays africains, est en train de baisser
fortement. Et des secteurs entiers des économies sont d'ores et déjà à l'arrêt, comme le transport aérien, le
tourisme et l'hôtellerie. L'informel, qui représente près de 80 % des emplois sur le continent, sera durement
touché par la chute de l'activité. Ceux qui travaillent dans ce secteur mangent le soir ce qu'ils ont gagné
pendant la journée. À la crise sanitaire pourrait bien s'ajouter l'urgence alimentaire.

L'effondrement des prix du pétrole représente une autre menace majeure. Les pays africains producteurs ont
besoin de cours à 60-70 dollars pour assurer leur équilibre financier. Avec un baril à 25 dollars, ils connaîtront, à brève échéance, une crise de liquidités. On estime le manque à gagner pour les pays
pétroliers africains à près de 100 milliards de dollars en 2020, dont 25 milliards pour le seul Nigeria, la
première économie du continent. L'argent qui irrigue l'économie va venir à manquer, par exemple dans le
secteur des exportations agricoles où il faut préfinancer les campagnes pour permettre aux filières de
fonctionner (cacao, café, coton, bois tropicaux). Dans beaucoup d'États où la protection sociale est quasi
inexistante, l'émergence de tels blocages économiques peut déboucher sur des tensions sociales et une
flambée de l'insécurité.

Une réponse collective s'impose
Face à ces bouleversements annoncés, la réponse ne peut être que collective et multilatérale. Il faut mettre à
disposition des États africains la trésorerie nécessaire pour leur permettre d'accorder à leurs entreprises des
reports ou des réductions d'impôts et de cotisations. Sinon, le secteur privé africain, déjà chancelant, sera
mis à contribution pour faire face à la crise alors qu'il n'en a plus les moyens. Il faut aussi suspendre le
remboursement de la dette publique de l'Afrique pour lui donner de l'oxygène. Antonio Guterres, le secrétaire
général des Nations unies, a lancé un appel en ce sens. Il doit être entendu ! Cette décision appartient aux
bailleurs de fonds internationaux, mais aussi à la Chine. Ensuite, il faudra vite réfléchir à réactiver les circuits
d'aide alimentaire et sanitaire pour les populations.

Une autre mesure salutaire pour aider l'Afrique consisterait à ce que les pays de l'Opep et la Russie
interrompent leur guerre tarifaire suicidaire et mettent fin à la spirale surproduction/effondrement de la
demande. C'est une mesure politique qui peut être prise très rapidement.

Il appartient à la communauté internationale de prendre conscience de la gravité de la crise qui se joue en
Afrique. Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française, a annoncé qu'un paquet financier serait
mobilisé pour aider le continent à surmonter les effets sanitaires et économiques de la pandémie. Il doit être
mis en oeuvre sans plus tarder avec nos partenaires de l'Union européenne. Nous avons une obligation de
solidarité, mais aussi un intérêt à la mettre en oeuvre, car le virus ne connaît pas de frontières. L'Europe et
l'Afrique devront trouver ensemble une réponse à ce défi global. Les entreprises françaises investies en
Afrique y prendront leur part, comme elles l'ont déjà montré par le passé.

 


0 COMMENTAIRE