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Le baril de brent est tombé sous la barre des 27 dollars la semaine dernière, pour la première fois depuis
2003. La demande mondiale de pétrole s'écroule, tandis que l'offre augmente. L'Arabie saoudite et ses alliés,
ainsi que la Russie, ont décidé d'augmenter leurs exportations, provoquant une guerre des prix dont on ne
voit pas l'issue pour l'instant. Fatih Birol, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie livre son
analyse aux « Echos ».
Fatih Birol
Directeur général de l'Agence internationale de l'énergie
Le krach pétrolier que nous traversons a-t-il des précédents dans l'histoire ?
La demande de pétrole a chuté parfois brutalement lors des récessions les plus graves, comme celle qui a
suivi la crise financière de 2008. Il est arrivé que la production de brut bondisse, comme en 2016 avec l'essor
du schiste américain. Mais la situation actuelle est sans équivalent au cours des cent dernières années, car
elle combine un choc de demande et un choc d'offre. Nous estimons que l'excédent atteindra 5 millions de
barils par jour au premier trimestre, l'équivalent de 5 % de la consommation mondiale. Et nous devrons très
certainement revoir cette estimation en hausse.
Pourquoi l'Arabie saoudite a-t-elle décidé d'inonder le marché, alors que la demande s'écroule ?
C'est très étonnant, car l'Arabie saoudite se fait du mal à elle-même en faisant chuter les cours. A mon avis,
ce sont des considérations politiques et diplomatiques qui ont pris le dessus, car il est impossible de justifier
une telle stratégie sur une base économique. Cette guerre des prix, ou des parts de marché, va durement
frapper des pays producteurs qui étaient déjà fragilisés. Je ne vois aucun gagnant dans cette situation
inédite.
La Russie a aussi joué un rôle, en refusant de prolonger les quotas négociés avec l'Opep…
Moscou veut terrasser le pétrole de schiste aux Etats-Unis en faisant baisser les prix. De mon point de vue,
c'est un jeu de roulette russe, cela ne marchera pas. Bien sûr, les producteurs américains vont réduire leur
production de façon importante dans les mois qui viennent. Mais dès que la demande mondiale de pétrole
repartira, les cours remonteront et le schiste fera vite son retour. La géologie du sous-sol texan ne changera
pas, la technologie et le savoir-faire ne partiront pas. Et le secteur est devenu très réactif. Le temps qui
s'écoule entre le forage d'un puits au Texas et sa mise en production s'est considérablement réduit. Le
schiste américain a démontré sa résilience, encore et encore.
Quelles seront les conséquences de cours aussi bas ?
Les citoyens du monde se souviendront que des grandes puissances qui avaient le pouvoir de stabiliser
l'économie de nombreux pays dans une période de pandémie sans précédent ont décidé de ne pas l'exercer.
L'histoire les jugera. Des pays producteurs vont se retrouver en grave difficulté. Un seul exemple : l'Irak tire
90 % de ses recettes fiscales du pétrole. Aux cours actuels, Bagdad ne peut plus payer les salaires de la
moitié de ses fonctionnaires, sans même parler des dépenses de santé ou d'éducation. L'Algérie, le Nigeria,
l'Angola, Oman vont connaître des temps extrêmement difficiles, en particulier pour faire face à la pandémie
qui les guette.
Comment sortir de cette crise ?
Il y a deux solutions. La première, c'est une relance économique généralisée après la pandémie, qui
permettrait à la demande de reprendre progressivement. La deuxième serait que les grands pays pétroliers
se mettent d'accord pour stabiliser la production. Je suis en contact régulier avec le secrétaire général de
l'Opep et avec les ministres des Etats exportateurs. Il y a des contacts informels, mais rien de concret n'en
est ressorti pour l'instant.
A combien peut tomber le prix du baril ?
La demande est en chute libre. Contrairement à ce qui s'est passé en 2008, l'impact de la crise sur le pétrole
est disproportionné, car elle affecte en premier lieu les transports. Le secteur aérien ne représente que 1 %
du PIB mondial, mais près de 10 % de la consommation de brut. Or on peut penser que la reprise des
déplacements en avion sera très lente, même lorsque l'épidémie sera passée, car les gens hésiteront à
voyager. Si les tendances actuelles se poursuivent, les prix continueront à baisser. Ils pourraient même
tomber en dessous des coûts de production moyens.
Les pétroliers réduisent leurs investissements pour faire face au choc. Quelles conséquences cela aura-t-il à
terme ?
Cette crise risque de brider l'appétit du secteur pour l'investissement. Si la demande repart rapidement après
l'épidémie, cela pourrait se traduire par une offre insuffisante, à terme. Mais ce n'est pas la question
aujourd'hui.
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